L’Open data : un pilier de la démocratie contemporaine, selon Samuel Goëta
Interview
Dans une interview avec La Netscouade, Samuel Goëta, expert en données et auteur d’un livre sur l’Open data, dévoile les motivations derrière son ouvrage « Les données de la démocratie, Open data, pouvoirs et contre-pouvoirs » et explore le rôle crucial que l’Open data joue dans la gouvernance contemporaine. Convaincu que la transparence des données renforce la démocratie, Samuel expose les défis actuels, les avancées en France et les perspectives pour un usage plus éclairé de l’information.
Une décennie d’Open data
Pour clarifier le concept, Samuel simplifie la définition de l’Open data. Il explique, « Ce sont des données librement réutilisables, tant d’un point de vue technique que juridique. Elles sont lisibles par les machines dans des formats ouverts, et on peut les utiliser librement. » L’élément clé est la précision des données, allant au-delà des chiffres globaux pour offrir un accès détaillé, tout en respectant la vie privée grâce à l’anonymisation des données.
L’Open data, selon Samuel, est bien plus qu’une tendance récente. Il explique, « L’open data, c’est un mouvement qui existe depuis à peu près une dizaine d’années et qui a souvent été un peu sous-évalué pour son intérêt pour la démocratie. » Dans son livre, Samuel défend l’idée que l’ouverture des données renforce la démocratie en permettant un débat éclairé, la réévaluation des calculs et l’émergence de nouvelles interprétations des données circulant dans le débat public.
Quelle est l’utilisation aujourd’hui de l’Open data ?
Samuel souligne que la France n’est pas en retard dans le mouvement actuel. Il affirme, « En France, on est loin d’être en retard sur cette question-là, au contraire. » En effet, les politiques d’Open data sont ancrées dans la loi, notamment la loi pour une République numérique, instaurant le principe d’ouverture des données par défaut pour les administrations et les collectivités territoriales. Cependant, il met en lumière des défis démocratiques, soulignant des problèmes liés à la transparence et à l’application du droit d’accès aux documents administratifs.
Par ailleurs, dans un monde marqué par la pandémie, Samuel observe un appétit croissant de la société pour les données. Il mentionne, « Il y a qu’à regarder l’époque de la pandémie où tout le monde subissait des décisions prises avec des données et où il y a eu un très fort appétit pour utiliser ces données-là. » Des initiatives civiles telles que CovidTracker ont émergé, illustrant la demande croissante de données précises. Des médias, tels que Rape Miner, utilisent des données pour analyser les paroles de rap, tandis que des émissions populaires comme DataGueule renforcent la culture de la donnée.
L’Open data, un pilier de la démocratie ?
Interrogé sur le potentiel de l’Open data comme pilier de la démocratie, Samuel est convaincu que c’est déjà une réalité. Il affirme, “C’est déjà un peu un pilier de la vie démocratique en fait, dès qu’on est dans une situation de crise, comme la crise énergétique, comme dans la situation de la pandémie, quand on voit même sur la crise en Ukraine, on va se tourner vers les données.” En période de crise, que ce soit face à une pandémie ou à une crise énergétique, les données deviennent essentielles pour alimenter un débat éclairé.
Samuel souligne l’Open data comme un outil impulsé par le pouvoir, enraciné dans les lois et les politiques, mais également alimentant les contre-pouvoirs. Il déclare, « L’open data, c’est, d’une certaine manière, un outil impulsé par le pouvoir. C’est à dire que c’était une loi qui a été adoptée dans les collectivités territoriales. » Cette dualité crée un équilibre essentiel, où les citoyens, la société civile, les chercheurs et les journalistes peuvent débattre de manière éclairée, contester et réévaluer les décisions.
Concernant la protection des données personnelles, Samuel rassure en soulignant que l’Europe dispose d’une législation robuste, notamment le RGPD. Il explique, « Il se trouve qu’en Europe, on a une législation sur la protection des données qui est une des plus fortes, qui est le RGPD. » Il souligne que l’Open data renforce la culture de la vie privée, avec des données généralement dépourvues d’informations personnelles.
L’interview se conclut par un message d’espoir de la part de Samuel.
Une bonne raison de lire ce livre c’est qu’il se termine par un message d’espoir. Et le message du livre, ce n’est pas juste de se saisir des données, mais c’est aussi comment est-ce qu’on peut approfondir et étendre la démocratie.
Son livre ne se limite pas à encourager l’utilisation des données, mais explore également comment approfondir et étendre la démocratie. Un appel à renforcer les contre-pouvoirs et à équilibrer le débat démocratique, dans lequel les données ouvertes jouent un rôle central.
À travers cette interview, Samuel Goëta offre une perspective éclairante sur l’Open data, un sujet qui se positionne au cœur des enjeux démocratiques contemporains. Ses paroles enrichissent le débat sur la transparence, la participation citoyenne et l’avenir de la gouvernance. Son livre devient ainsi une lecture incontournable pour ceux qui s’intéressent à ces questions cruciales.
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