La Netscouade : Transformer les marques en forces motrices de la société.
Vie de l'agence
18 ans après sa création (en juillet 2007), La Netscouade porte plus que jamais son ambition d’agence citoyenne, engagée aux côtés des acteurs du changement.
Dans un contexte de défiance, de désinformation et de saturation médiatique, l’agence trace sa route : celle d’une communication engagée, responsable et porteuse de sens. La Netscouade amorce une nouvelle étape de son développement pour mieux accompagner les entreprises et institutions en quête d’utilité et de cohérence.
Pour La Netscouade, communiquer est un acte citoyen. Il s’agit de relier, transformer et agir. Notre approche favorise le dialogue, la nuance et la création de commun, loin de l’entre-soi algorithmique et de la fragmentation.
Une gouvernance collective pour une vision partagée.
Sous la direction de Ronan Le Goff, La Netscouade s’appuie sur une équipe dirigeante élargie, incarnant la complémentarité des expertises :
- Léo Cohin, Directeur du Planning Stratégique
- Sabrina Dos Santos, Directrice du développement
- Stéphanie Mermet, Directrice du Design
- Juliette Orain, Directrice Social Media et Influence
- Arnaud Redard, Directeur de Création
- Anne Vigne, Directrice des stratégies et de la RSE
Cette gouvernance reflète notre conviction : la communication est un levier puissant de transformation positive. Nous concevons des dispositifs utiles, inclusifs et responsables, qui informent, rassemblent et engagent. Notre mission : transformer les marques en forces motrices de la société.
Des expertises au service des sujets qui font avancer la société.
Historiquement reconnue pour l’accompagnement des institutions publiques (Service d’information du Gouvernement, French Tech, Ministère de l’Agriculture, CNES, ADEME…), La Netscouade a depuis plusieurs années largement étendu son expertise aux marques privées (Malakoff Humanis, SNCF Connect & Tech, Abbvie, Bel Food Services, Groupe Les Echos Le Parisien, Médiamétrie…) en quête de sens, d’impact et de pertinence sociétale.
Nos équipes interviennent sur des thématiques structurantes pour la société, des sujets qui font avancer le débat et le progrès : Santé, Alimentation, Énergie, Mobilités, RSE et Tech. Nous aidons nos clients à bâtir une communication experte et engagée.
L’agence structure son offre autour de 7 expertises :
- Identité & Stratégie de Marque
- Veille & e-Réputation
- Social Media & Influence
- Contenus
- Sites Internet
- Campagnes de Communication
- Leader & Employee Advocacy
La Netscouade, l’agence de communication citoyenne.
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Accéder au formulaireRencontre avec Healthy Lalou : la cuisine végane simple, inclusive et à petits prix
Interview
Classé parmi nos coups de cœur dans notre étude sur l’influence responsable dans la food, Sam — alias Healthy Lalou — bouscule les idées reçues sur la cuisine végétale.
Sur Instagram et TikTok, il partage des recettes simples et abordables, prouvant qu’on peut cuisiner vegan sans se ruiner — et sans jamais sacrifier le plaisir de manger. Une approche joyeuse, ancrée, qui parle à tou·te·s.
Avant de commencer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Sam. Ça fait cinq ans que je suis créateur de contenu sur les réseaux sociaux, c’est devenu mon métier. J’ai deux comptes : un principal, axé sur les recettes véganes “Healthy Lalou”, et un second, plus lifestyle.
Quel est ton lien avec la cuisine et qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer sur les réseaux sociaux ?
À la base, je suis ingénieur. J’ai travaillé dans le conseil, en expérience client, puis j’ai passé un CAP pâtissier un peu sur un coup de tête. J’ai lancé une marque de vegan, Lalou, et j’ai créé un compte Insta pour la faire connaître. L’aventure a duré un an, j’ai même failli signer une levée de fonds, mais pour plusieurs raisons j’ai tout arrêté juste avant. Comme j’avais déjà une communauté, j’ai continué à poster des recettes et depuis, tout s’est enchaîné.
Dans notre étude on a remarqué que l’accessibilité et la végétalisation étaient au cœur de tes recettes. Pourquoi c’est si important pour toi ?
Parce que j’ai galéré moi-même ! En tant qu’étudiant précaire, je comptais chaque euro. Je sais ce que c’est de choisir le paquet de pâtes le moins cher. Alors j’essaie de proposer des recettes pour tout le monde : étudiants, familles et notamment pour des personnes avec des budgets plus serrés.
Et justement, le véganisme est souvent vu comme l’inverse de ça. On l’associe à une cuisine compliquée, hors de prix et réservée à une minorité. Moi, j’ai envie de montrer qu’on peut faire autrement. Que cuisiner végane, c’est pas forcément cher. Au contraire, ça peut être simple, gourmand, créatif — et accessible.
Ce que j’aime dans la cuisine végétale, c’est qu’elle te pousse à inventer, à sortir des automatismes. Et puis, c’est une cuisine qui rassemble : sans viande, sans allergènes majeurs, tout le monde peut manger autour de la table. Et bien sûr, il y a le fond — l’éthique, l’écologie, la santé. Pour moi, ça coche toutes les cases.
Tu penses que les créateurs food ont un rôle dans la transition alimentaire ?
Évidemment. À partir du moment où tu as une plateforme et une audience avec des milliers ou des millions de personnes, tu as une responsabilité. Ce que tu montres peut avoir un impact sur eux. Moi, ce qui me touche, c’est quand des gens me disent : “Je ne suis pas végé, mais j’ai testé ta recette, tout le monde a aimé, et maintenant j’en refais !” J’adore cette idée de tendre la main, d’embarquer des gens qui ne seraient jamais venus à ça tout seuls.
Comment tu crées tes recettes ?
Je regarde beaucoup ce qui se fait à l’international, surtout dans la sphère anglophone. Je repère des tendances, j’adapte des recettes en version végane. Parfois, ce sont aussi des opportunités de vie : un anniversaire, un repas entre potes… Je filme ce que j’aurais cuisiné de toute façon.
Tu publies sur Insta et TikTok. Remarques-tu des attentes différentes de ton audience entre les deux ? Tu adaptes ton contenu ?
Pas vraiment. Je poste généralement le même contenu sur les deux plateformes. Je dirais que sur Instagram, la communauté est plus fidèle, plus engagée. Je pense que c’est lié au format, aux stories, au fonctionnement de l’algorithme. Les vidéos très spontanées fonctionnent mieux sur TikTok. Après, dans les deux cas, je reste moi-même. Je parle aussi de choses personnelles en voix-off dans mes recettes, je raconte des bouts de ma vie, ça fait partie du lien.
Et pour la suite ?
Mon grand objectif pour 2024, c’était de trouver un équilibre entre vie pro et perso.
Après mes 3 livres, je suis moins dans une logique de “projets à tout prix”. Là, je veux surtout construire quelque chose de stable et durable.
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Accéder au formulaireStrava et l’ascension des réseaux de niche : vers une nouvelle ère du web social
Analyse
Peut-être avez-vous déjà entendu parler de Strava à travers “Strava Leaks“, une enquête Le Monde qui a révélé des failles de sécurité exposant les déplacements de personnalités politiques, comme Emmanuel Macron, via les activités sportives des gardes du corps. Au-delà de ces controverses, l’application de suivi sportif met en lumière un virage du web social : à l’image de Letterboxd pour le cinéma ou Goodreads pour la littérature, elle s’inscrit dans la montée des réseaux ultra-spécialisés. Avec 135 millions d’utilisateur·rice·s dans plus de 190 pays, Strava repose sur des dynamiques bien rodées – validation sociale, gamification, mise en scène de soi – et redessine les contours de la sociabilité en ligne.
Un outil de suivi devenu réseau incontournable des sportif·ves
D’abord dédiée aux cyclistes et aux coureur·euses, l’application fondée en 2009 par deux anciens étudiants d’Harvard, Michael Horvath et Mark Gainey, s’est étendue à de nombreux sports tout en gardant un ADN unique : un outil de tracking GPS couplé à une dimension sociale. Il est possible d’y partager ses activités, d’ajouter des photos et d’interagir grâce à des descriptions pré-écrites qui encouragent les échanges.
Qui veut des kudos ?
Dans l’univers ultra-concurrentiel de la course au tracking (Polar Flow, Runkeeper, Garmin Connect…), Strava se distingue par son approche communautaire. Elle offre une gamme d’interactions sociales, telles que les kudos (équivalents des “likes”), les commentaires permettant échanges et retours d’expérience, et la messagerie, idéale pour organiser des sorties collectives. Les défis et badges (le fameux PR) renforcent l’esprit de compétition, tandis que le “Strava Art” (GPS drawing) dévoile un potentiel créatif.

Les athlètes français Guillaume de Lustrac et Vincent Brémond, ont tracé les anneaux olympiques à vélo (2 196 km en 10 jours) pour les JO de Paris 2024.

Avec plus de 3 000 œuvres dans sa galerie, le compte Instagram @strav.art met en exergue les créations les plus impressionnantes des amateur·rice·s de Strava Art.
Cette mise en scène de la performance illustre la médiagénie de l’application : elle ne se contente pas d’archiver des exploits, mais les transforme en événements mémorables. La popularité de Strava réside également dans son intégration fluide dans d’autres réseaux sociaux, notamment Instagram, dont l’orientation visuelle favorise le partage de tracés sportifs sous forme de stories.
Sociabiliser en transpirant
Strava jouit aussi d’une popularité croissante auprès de la Gen Z : 59% ont rejoint des clubs de course à pied et 66 % déclarent avoir noué des amitiés via des groupes sportifs. Autre tendance, Strava se mue en “Tinder des sportif·ves”. Un·e athlète Gen Z sur cinq a déjà eu une relation amoureuse avec une personne rencontrée par ce biais. Une alternative, plus authentique, aux applications de rencontre classiques, où la relation se crée sur la base d’intérêts communs plutôt que d’une simple recherche de flirt.
“Si ce n’est pas sur Strava, ça n’existe pas !”
Comme tout réseau social, Strava comporte son lot de limites. Si 84 % des utilisateur·rice·s affirment que la plateforme les aide à lutter contre la solitude, elle peut aussi engendrer une obsession de la performance. Entre comparaison constante et besoin de validation sociale, effacement des échecs pour ne mettre en avant que les réussites… Cette quête de la perfection numérique mène à une image biaisée de la pratique sportive et à une labellisation de l’effort.
Les Strava Jockeys en Indonésie en sont des exemples frappants. Des jeunes sont payés pour enregistrer de fausses performances, avec des conséquences lourdes : des risques de bannissement et des amendes. Pour contrer ce phénomène, Strava a déployé une IA anti-triche, suspendant déjà 12 000 comptes en moins de 6 mois, afin de préserver l’intégrité des performances et la crédibilité de la plateforme.
Un eldorado pour les marques sportives
C’est parce que Strava n’est pas un équipementier sportif qu’elle attire une diversité de partenariats avec des marques, parfois concurrentes. Ces collaborations permettent aux entreprises de bénéficier d’une exposition naturelle et stratégique en accédant à une audience qualifiée. Elles se matérialisent par des challenges sponsorisés (comme le 5km X Brooks ou le 100km Trail X The North Face), des partenariats événementiels de grande envergure (par exemple, le Tour de France Femmes avec un contrat de 3 ans) et des intégrations technologiques avec des marques comme Garmin et Fitbit.
Avec cette approche mêlant activité connectée, innovation constante et communauté, Strava pourrait bien incarner l’avenir des plateformes sociales de niche, où l’engagement se construit autour d’une passion commune et ouvre la voie à des opportunités inédites pour les marques.
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Accéder au formulaireArrivée de l’IA, critiques à droite : Wikipedia face à la tempête
Point de vue
Wikipedia a rarement affronté de tels vents contraires. L’encyclopédie participative fait tellement partie des meubles sur Internet qu’elle avait presque atteint un statut d’intouchable. Et pourtant, 24 ans après sa création, Wikipedia fait face à une double menace : des critiques féroces venus de la droite, Elon Musk et Le Point en tête, et le péril d’une perte de crédibilité des sources, conséquence de l’arrivée massive de l’IA.
Depuis quelques semaines, Elon Musk s’est lancé dans une croisade anti-Wikipedia, qu’il voit comme un site de “propagande”. “Coupez les financements tant que l’équilibre n’est pas restauré !”, a-t-il tweeté en janvier, estimant que l’encyclopédie était trop “woke”. Le milliardaire n’avait pas supporté que sa fiche mentionne “un geste comparé à un salut nazi ou fasciste”, en référence à son fameux dérapage lors de l’investiture de Trump. “Qu’est-ce qui est inexact dans cette description ?”, lui a répondu Jimmy Wales, le cofondateur de l’encyclopédie. De fait, la fiche est très prudente et factuelle, précisant qu’Elon Musk avait contesté l’interprétation de son geste.
Wikipedia est-il vraiment “woke” ?
Si cette attaque du patron de Tesla est liée à un sujet personnel, elle s’inscrit dans une bataille culturelle plus large contre le “wokisme”, dont Wikipedia est devenu, à son corps défendant et fort injustement, un des symboles. L’exemple de l’écriture inclusive est particulièrement révélateur. Le blogueur politique Authueil, classé à droite et pratiquant de longue date de l’encyclopédie participative, a expliqué à quel point il est ridicule de lui coller cette étiquette : “Si la communauté wikipédienne était si woke que ça, l’utilisation [de l’écriture inclusive] y serait systématique, et ne ferait pas débat.” Un sondage en 2022 avait en effet montré qu’une majorité des contributeurs — entre 60 et 70% — y était hostile.
“L’engagement en faveur du projet et de ses buts est bien plus important que militer en faveur de telle ou telle autre idéologie”, ajoute le blogueur. De fait, Wikipedia peut se targuer de n’avoir connu aucun retournage de veste politique ces derniers mois, contrairement aux géants du web, pressés de se conformer à la nouvelle administration américaine. Trump ou pas Trump, l’encyclopédie ne renie pas ses principes, et ne cherche en aucun cas à complaire aux nouveaux maîtres du monde. Ce qui pourrait lui causer bien des torts dans les 4 années à venir.
Le Point vs. Wikipedia
Plus surprenant que les emportements d’Elon Musk, le débat a également débordé en France. Tout est parti d’un article du Point en décembre, un réquisitoire titré “Wikipédia, plongée dans la fabrique d’une manipulation”. Le magazine y dénonce “les activistes de l’encyclopédie”, de gauche “tendance ultraprogressiste”, qui auraient pris Le Point pour cible. “Les exemples regorgent de pages totalement polluées par des groupes motivés par des agendas politiques ou idéologiques”, écrit le magazine.
La critique s’est transformée en conflit ouvert à la mi-février, quand l’auteur de cet article a envoyé un mail menaçant à un contributeur de Wikipedia, FredD : “Nous allons faire un article sur vous, sur notre site, en donnant votre identité, votre fonction, en sollicitant une réaction officielle de [nom de ses derniers employeurs]”. FredD venait de modifier la fiche du Point, en indiquant que le magazine avait pris un tournant “populiste”.
Ce mail a déclenché un mini-séisme au sein de Wikipedia. Les bénévoles ont immédiatement publié une lettre ouverte pour apporter leur “plein soutien” à FredD, tenant à rappeler que “les contributeurs bénévoles, aux profils et opinions politiques variés, interviennent pour la plupart sous pseudonyme, conformément à ce que recommande la plateforme pour éviter le harcèlement”. Précision d’importance qu’apportent les auteurs de la lettre : les contributeurs ne sont pas pour autant anonymes, car ils peuvent être identifiés par la justice sur demande à l’hébergeur.
Interdire les fiches des vivants ?
Depuis cet incident, Le Point ouvre abondamment ses colonnes à la critique de Wikipedia. Une pétition signée par des intellectuels et des journalistes — dont Benjamin Morel, Sophia Aram ou Natacha Polony — formule une “profonde inquiétude face aux campagnes de dénigrement systématiques et sans contradicteurs orchestrées par des contributeurs militants anonymes sur Wikipédia”. Plus virulent encore, l’ancien directeur de Charlie Hebdo Philippe Val, propose dans une interview d’interdire les fiches des personnes vivantes. “Quand j’ai lu ma fiche, je me suis dit qu’elle était moins objective que celle d’Adolf Hitler !”, déclare-t-il, avec son légendaire sens de la mesure.
Cette controverse vire au grand règlement de comptes, aux accents souvent injustes. L’encyclopédie repose sur des principes éthiques fondamentaux — neutralité, véracité et objectivité — qu’il serait hâtif de jeter au feu en prenant quelques exemples circonscrits. Il nous paraît que, davantage que le “wokisme”, c’est la nouvelle donne d’Internet qui pose un défi considérable à Wikipedia. L’irruption récente de l’IA génératrice, qui inonde le web de ses contenus à moitié vrais — pour ne pas dire à moitié faux — représente une menace considérable pour l’encyclopédie, qui se doit d’avoir des sources de la plus grande qualité possible.
La forteresse turque qui n’existait pas
Une enquête de Next a tiré récemment la sonnette d’alarme. Le média a identifié plus de 1.000 sites web francophones se faisant passer faussement pour des supports d’information, alors qu’ils sont générés et/ou traduits par des IA. Encore plus préoccupant, sur ce corpus… 150 étaient mentionnés comme sources par Wikipédia. De manière intéressante, Next a travaillé en collaboration avec des contributeurs de l’encyclopédie afin d’identifier ses sites. Un grand ménage des sources est en train d’être effectué.
Un canular avait déjà montré toutes les limites de Wikipedia face à l’assaut de l’IA. “La forteresse d’Amberlihisar a été construite en 1466 par Mehmed le Conquérant à Trabzon, en Turquie”, détaillait une fiche très complète et informée sur cette forteresse turque. À un détail près : elle n’a jamais existé. 404 Media avait révélé qu’il s’agissait d’un hoax entièrement généré par IA. Sans une connaissance précise de l’histoire turque ou une fouille précise dans les sources (citant des travaux inexistants), difficile de détecter la supercherie, tant la fiche était parfaitement formatée pour Wikipedia.
Un projet pour dompter l’IA
L’intelligence artificielle invente régulièrement des références qui n’existent pas, rendant la vérification particulièrement complexe. Comment différencier un ouvrage ancien authentique mais rare d’une source entièrement fabriquée ?
Là encore, l’encyclopédie ne reste pas les bras croisés. Le “WikiProject AI Cleanup” a été lancé l’année dernière afin de nettoyer le site des contributions douteuses de l’IA. Fait intéressant : il ne s’agit pas d’interdire l’intelligence artificielle dans les articles, mais “de vérifier que ses résultats sont acceptables et constructifs, et de les corriger ou de les supprimer dans le cas contraire”.
Dompter l’IA pour ne pas qu’elle le submerge, ne pas l’interdire mais la domestiquer : Wikipedia aborde le problème du bon côté. L’encyclopédie a peut-être une interface digne du début des années 2000, mais elle garde une rafraîchissante capacité de répondre aux enjeux du moment.
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Accéder au formulaireWikipédia, un défi pour les agences de communication
Analyse
Avec ses règles strictes et sa gouvernance collective, Wikipédia représente un terrain complexe pour les agences de communication. Entre transparence, éthique et influence, comment naviguer dans cet espace encyclopédique sans tomber dans les travers de l’auto-promotion ou du ripolinage ? Paul Luis, Consultant Études et eRéputation à La Netscouade, décrypte les enjeux et partage les bonnes pratiques pour interagir avec la plateforme tout en respectant ses principes fondamentaux.
Qui contrôle réellement les contenus sur Wikipédia et quels sont les critères qui déterminent si une modification est acceptée ou rejetée ?
Pour rappeler brièvement ce dont on parle, Wikipédia est un projet d’encyclopédie collective et collaborative en ligne. L’objectif initial est de permettre l’accès à des “informations de manière libre, objective et vérifiable, que chacun peut modifier et améliorer” (source : Wikipédia). Et c’est dans cette phrase que l’on retrouve plusieurs éléments de réponses à notre question initiale. A priori, chacune et chacun d’entre nous devrait théoriquement pouvoir modifier et améliorer n’importe quelle page de manière libre. Mais cela ne se passe pas aussi simplement…
Si je devais résumer la situation actuelle, Wikipédia dispose de “garde-fous” qui tirent leur légitimité par l’ancienneté et l’expérience. Ils surveillent et préviennent ce que l’on appelle “le vandalisme éditorial” et peuvent bloquer les modifications d’une page pour une période donnée (afin de la protéger). Mais leur seconde attribution, et non des moindres, est aussi de repérer et de surveiller les diverses opérations d’influence menées sur la plateforme.
En fonction de leur notabilité sur Wikipédia ce sont eux qui jugent les admissibilités des modifications. Leur droit de regard est donc très important. Mais cela n’est pas rédhibitoire pour autant.
Pour ce qui est de l’acceptation des modifications, gardons en tête que Wikipédia a une visée encyclopédique. Tout apport d’information et de mise à jour est apprécié. Cependant il faut respecter quelques règles essentielles : bannir l’autopromotion, les jugements de valeur, et éviter d’utiliser certaines prénotions ou préconçus autour de sujets politiques ou normatifs notamment.
Aujourd’hui, le principal sujet de vigilance est l’impact de l’Intelligence Artificielle. Wikipédia est d’ores et déjà utilisé par la majorité des services et fournisseurs d’IA conversationnelle. La qualité de l’information à la racine est primordiale. Surtout si on veut limiter les hallucinations des IA conversationnelles à moyen terme.
L’intégration de Wikipédia dans les flux de plusieurs réseaux sociaux soulève également des questions. Comment des marques vont-elles se saisir de cette nouvelle opportunité marketing ? Comment la communication de l’État peut-elle se servir de ces connexions afin de faire passer des messages ou de diffuser des campagnes plus ciblées ? Comment contrôler certains sujets, notamment sur la communication en santé, afin de limiter la prolifération des fausses informations ou des pratiques commerciales trompeuses ?
Le sujet est vaste ! Il re-dessinera les contours des interactions avec les contributeurs sur la plateforme. Cela modifiera sans doute leur périmètre d’action et d’intervention, c’est certain.
Si une page comporte des erreurs ou des informations obsolètes, quelle est la bonne approche pour les corriger sans risquer d’aller à l’encontre des règles de l’encyclopédie ?
La bonne approche est de toujours veiller à bien sélectionner ses sources. Elles doivent présenter un réel intérêt encyclopédique. Pour une personnalité, mieux vaut s’appuyer sur le travail d’un journaliste reconnu par ses pairs. Une intervention média dite significative peut aussi être une source de qualité. Ce qui permet, entre autres, d’illustrer ou d’étayer les axes discursifs d’une page Wikipédia.
Toute communication institutionnelle issue de l’État ou de ses services (publication au Journal Officiel, extraits d’auditions parlementaires, décisions de justice, remise de décoration officielle ou de titre honorifique) sont également des sources qualitatives.
L’utilisation d’une biographie officielle est à double tranchant : elle peut parfois avoir tendance à comporter des biais. Une tonalité trop laudative issue d’une biographie peut se voir attribuer un biais auto-promotionnel.
Gardons à l’esprit que l’éditorialisation de la page doit être factuelle et la plus neutre possible.
En quoi consiste la pratique du “ripolinage” et pourquoi elle est problématique sur Wikipédia, notamment pour les personnalités publiques ?
Le ripolinage consiste à lisser les passages les moins flatteurs ou les éléments les plus controversés d’une page, en tentant de supprimer, d’isoler ou de noyer l’information initiale. Elle est problématique, car elle vise parfois à diluer une information principale et pertinente parmi des éléments secondaires, voire superflus..
Sur Wikipédia, cette pratique est fortement controversée car elle vise à minimiser certaines controverses passées ou à mettre à distance faits établis, comportant souvent un haut degré de notoriété publique.
Cette pratique s’associe plus largement à la prévention des contributeurs de la plateforme face à l’autopromotion et aux pratiques marketing dérivées du “personal branding”.
De nombreuses personnalités perçoivent Wikipédia comme un outil de “personal branding” et veulent y maîtriser leur image. Pourquoi est-ce une erreur de penser que l’on peut modifier librement sa page ?
Aujourd’hui quand on recherche des informations autour d’une personnalité, un des premiers réflexes est bien souvent de jeter un œil à sa page wikipédia. Beaucoup de personnalités publiques, politiques et entrepreneuriales l’ont compris. C’est également le cas de nombreuses marques, entreprises, organisations, agences ou organismes gérés par l’État. Cet espace suscite donc des tentations pour de nombreux acteurs. Ces derniers espèrent pouvoir modifier leur image à moindre coût et sont donc logiquement tentés d’investir et de se servir de cet espace. Quitte à ne pas s’embarrasser de certaines règles éthiques…
Il y a deux moyens de modifier librement sa page : soit la personne intervient directement sur la page en proposant des modifications, soit elle missionne un tiers (en général une agence de communication, une plume, un cabinet de conseil en image ou un attaché de presse par exemple).
Pour que ces modifications soient publiées, il faut donc éviter les nombreux écueils évoqués précédemment mais aussi respecter les règles élémentaires de la contribution à la plateforme. Au risque de se voir afficher certains bandeaux remettant en cause la qualité des modifications et in fine la qualité des informations de la page :

Exemple d’une page où l’auto-promotion a été excessive
Wikipédia peut également être détournée à des fins malveillantes (affaire du doxing). Quels en sont les risques, et quelles mesures la communauté met-elle en place pour y faire face ?
Traditionnellement, Wikipédia a souvent été le théâtre d’opérations malveillantes. Outre le vandalisme éditorial, certaines personnalités ou groupes sociaux subissent des vagues de harcèlement de manière récurrente sur la plateforme. L’affaire des menaces de doxing à l’encontre des contributeurs Wikipédia est le principal élément d’actualité autour de la plateforme. Cela met donc la lumière sur l’utilisation de cette pratique, à destination des contributeurs de la plateforme, qui est par ailleurs souvent utilisée en ligne sur d’autres espaces. Dans ce cas précis, certains journalistes souhaitent mettre fin à l’utilisation du pseudonymat des contributeurs qu’ils jugent parfois trop zélés. Quitte à révéler leur identité en ligne. Cela permettrait à des utilisateurs de Wikipédia d’entrer en contact avec ces personnes par d’autres canaux que ceux proposés par la plateforme. Et in fine d’altérer le fonctionnement actuel de la modération sur Wikipédia.
Aujourd’hui, une mobilisation des contributeurs se met en place pour se protéger de ces pratiques. Cette démarche vise aussi à faire connaître le travail de ces bénévoles. Elle met également en lumière l’existence d’une communauté solidaire. Cela me fait penser au développement des règles de modération des blogs ou forums spécialisés au milieu des années 2000. Une autre époque pourtant pas si lointaine.
Les agences ont-elles un rôle légitime à jouer sur Wikipédia ? Dans quelles limites ?
Je pense que les agences doivent intervenir sur des plateformes comme Wikipédia car nous utilisons de l’information, nous en créons et nous en diffusons. L’essentiel est d’avancer en toute transparence. Dire qui l’on est, pour qui nous agissons, ce que nous faisons, de quelle manière et dans quel objectif me semble être un prérequis de base dans nos interactions avec les plateformes et des utilisateurs tiers. Dans nos métiers de l’influence, il est important de le faire en respectant une certaine éthique. Cela fait également partie de notre cahier des charges d’agence citoyenne que nous portons ici à La Netscouade.
À la Netscouade, nous intervenons pour différents types d’acteurs sur Wikipédia. Nous respectons une charte de transparence qui nous permet de rester en conformité avec les valeurs de la plateforme. Nous déclarons toutes nos modifications (rémunérées et/ou pro-bono) et nous sommes ouverts à la discussion avec les contributeurs. Nous échangeons beaucoup avec eux pour améliorer nos savoir-faire et contribuer à l’amélioration de la qualité de l’information présente sur les pages Wikipédia.
Dans ce contexte, il est important que nous apportions notre pierre à l’édifice. D’autant plus que nous sommes une agence de communication numérique. Notre rôle est aussi d’apporter du contradictoire sur certaines informations parfois datées ou rendues inexactes par le manque de mise à jour.
Quelle est la ligne de conduite de La Netscouade face aux demandes d’intervention sur Wikipédia ?
À La Netscouade, notre protocole se distingue des autres agences d’influence, souvent épinglées pour manquement aux règles de transparence de la plateforme.Nous expliquons les limites de nos actions mais aussi notre méthode en amont de toute nouvelle collaboration. Elle est plutôt simple : elle vise à respecter les principes éthiques de base de Wikipédia : neutralité, véracité et objectivité. Par exemple, nous refusons systématiquement de travailler pour toute personne souhaitant outrepasser nos règles déontologiques.
Il nous est également arrivé de stopper nos actions en cours de route lors de l’intervention d’un client, sans notre aval, en dehors de tout cadre déontologique. Notre phase de cadrage est souvent plus longue sur ce type d’intervention mais elle permet de poser les jalons d’une collaboration efficace avec nos clients et partenaires. Certaines agences cherchent uniquement à modifier l’image de leurs clients en ligne par n’importe quel moyen. Elles n’hésitent pas à se soustraire de toute déontologie. Mais là encore les contributeurs veillent au grain ! Beaucoup d’agences sont épinglées et finissent tout simplement bannies d’utilisation de la plateforme (pour ce qui est du volet des modifications).
À La Netscouade, notre positionnement tranche avec celui de la majorité des agences de conseil en communication et en influence. Notre positionnement se veut plus collaboratif. Nous travaillons les demandes de notre client pour aboutir à une version conforme avec les prérequis éditoriaux de la plateforme. Nous validons avec eux nos travaux éditoriaux et fixons des limites ou posons des vétos lorsque cela s’avère nécessaire.
Nous discutons avec les contributeurs afin de prévenir toute bataille d’édition sur des pages ou un écosystème de page car nous poursuivons un objectif commun : l’amélioration des articles de l’encyclopédie. Nous avons d’ailleurs notre propre veille interne sur le sujet et sur l’évolution des pratiques de la plateforme. C’est ce qui nous différencie de certaines agences, aux méthodes peu scrupuleuses, qui n’hésitent pas à utiliser Wikipédia comme un espace uniquement publicitaire.
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Point de vue
La semaine dernière, j’ai eu le privilège de participer à un événement inspirant organisé par Advens, en collaboration avec Civocracy, A Voté et l’Académie des Futurs Leaders, autour d’un sujet crucial : la #CorporateCivicResponsibility (ou #CCR). L’ambition ? Mobiliser les acteurs privés à s’engager sur le terrain politique, de manière apartisane mais déterminée, pour défendre et revitaliser les valeurs démocratiques.
Democracy is good for business – et vice-versa
Quel rapport entre entreprises et démocratie ? Dans un monde de plus en plus polarisé, le politique semble être devenu un sujet tabou en entreprise, comme l’a justement souligné Chloé Pahud de Civocracy. Pourtant, les entreprises ont non seulement la capacité, mais aussi la responsabilité de contribuer au renouveau démocratique. Et ce, à plusieurs titres :
- En premier lieu, parce qu’elles bénéficient de la confiance des Français·es, confiance qui fait défaut aux institutions traditionnelles que sont les partis politiques, syndicats, médias et autres corps intermédiaires ;
- Ensuite, parce qu’elles incarnent un espace de dialogue et de nuance – le compromis y est nécessaire pour trouver une solution et avancer, contrairement à la scène publique où l’outrance devient la règle, comme le révélait récemment une étude du CEPREMAP ;
- Enfin parce que, comme le formule Caroline Span chez A Voté, un·e salarié·e ne cesse pas d’être un·e citoyen·e entre 9h et 18h. La vie citoyenne, tout comme l’équilibre vie pro-vie perso, doit donc être considérée comme relevant de la responsabilité de l’entreprise.
Responsabilité civique des entreprises, mode d’emploi
Quel rôle concret les entreprises peuvent-elles jouer pour renforcer la démocratie ? A l’ère de la CSRD, affirmer son engagement environnemental et social est devenu la norme, mais l’engagement civique reste l’exception. Une erreur stratégique, car loin de diviser, cet engagement peut devenir un puissant vecteur de cohésion, en interne comme à l’externe. Renforcer la démocratie pour une marque, c’est renforcer la confiance, la loyauté et le succès à long terme.
Alors, comment passer à l’action, et mettre en œuvre votre responsabilité civique d’entreprise ? Le plaidoyer porté par Civocracy, Advens et A Voté en faveur de la CCR identifie 12 actions concrètes : une par mois. Y’a plus qu’à !
- Celle de janvier invite à communiquer de manière transparente sur les engagements politiques de votre entreprise : La Netscouade se prête ainsi à l’exercice, à lire ci-dessous.
- Découvrez les autres actions ici : https://www.civocracy.com/activate-ccr
- Inscrivez-vous comme moi au cycle “Entreprises et Démocratie” organisé par l’Académie des Futurs Leaders, fondée par Alice Barbe, ici : https://www.et-maintenant.org/
La Netscouade, agence de communication citoyenne
À La Netscouade, nous n’avons pas attendu Elon Musk pour penser que les entreprises ont un rôle politique à jouer. Depuis notre création en 2007, nous faisons de la communication un levier de transformation, permettant aux marques de devenir des forces motrices de la société. Bulles de filtre, fake news, dark patterns…
Aujourd’hui plus que jamais, le digital a un pouvoir immense, et ce grand pouvoir implique de grandes responsabilités. C’est pourquoi nous nous engageons à incarner une communication citoyenne, utile et jamais futile :
- En choisissant d’explorer la complexité, de valoriser la nuance et d’initier des discussions qui rapprochent.
- En choisissant de faire le pari de l’exigence, et de placer le citoyen – et non le consommateur passif ou l’utilisateur instrumentalisé – au centre de nos réflexions, dans une démarche de communication Business to Citizen.
- En choisissant d’être une entreprise citoyenne : responsable, inclusive et durable dans nos pratiques internes, comme dans les méthodologies déployées pour nos clients.
Bref, en choisissant d’être une agence de communication centrée citoyen, pour aujourd’hui et pour demain.
Auteur·ice
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Accéder au formulaireRencontre avec Tracy Klein, Doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication
Interview
Quand on parle food et réseaux sociaux, on imagine spontanément toutes ces recettes qui inondent TikTok, Instagram ou encore Youtube, mais ce sujet englobe des enjeux plus vastes : sociétaux, nutritionnels, éducatifs ou encore écologiques. L’ouvrage “Les dessous de la communication alimentaire” propose une synthèse des recherches menées par un collectif de professionnels et chercheurs en information-communication. Parmi eux, Tracy Klein, Doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication, qui a décrypté la communication des marques alimentaires adressée aux enfants.
Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ? Quels sont vos sujets de prédilection ?
Bientôt titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication, j’ai choisi de me spécialiser dans un domaine qui nous concerne tous : l’alimentation. Ma thèse, qui analyse l’impact de la publicité alimentaire sur nos comportements, m’a permis de décrypter les mécanismes psychosociaux qui influencent nos choix alimentaires quotidiens. Aujourd’hui, en tant que consultante senior chez TBWA Corporate, je mets cette expertise au service des dirigeants, en développant des stratégies de communication alliant rigueur académique et efficacité terrain. Et ce qui me passionne particulièrement ? L’analyse de l’influence dans les domaines de la santé et de l’environnement – comprendre comment l’information transforme nos comportements et donc nos décisions.
Quel est l’objectif du livre Les dessous de la communication alimentaire, auquel vous avez contribué ?
« N’oublions pas que le consommateur est un mangeur avant tout » C’est ce que le professeur Jean-Jacques Boutaud m’a dit il y a deux ans et je trouve que cette phrase résume assez bien l’ambition de notre livre « Les dessous de la communication alimentaire ». Nous avons voulu aller au-delà des étiquettes et du marketing, nous avons voulu explorer ce qui se joue vraiment dans nos assiettes : c’est une histoire d’émotions, de culture et de société. En collaborant avec le professeur Didier Courbet, nous avons analysé les multiples couches de la communication alimentaire, comme on pèlerait un oignon : chaque strate révèle une nouvelle dimension, du marketing aux habitudes bien ancrées des consommateurs, des aspects culturels aux plaisirs sensoriels. Finalement, notre objectif était de démontrer que manger n’est pas qu’un acte nutritionnel, c’est une expérience humaine qui mérite d’être comprise dans toute sa complexité autant par les consommateurs que par les marques.
Comment les réseaux sociaux ont-ils bousculé la façon dont les marques alimentaires adressent leurs messages aux enfants ?
Les réseaux sociaux n’ont pas simplement changé la communication des marques alimentaires vers les enfants – ils l’ont réinventée. Nous sommes passés d’un monologue publicitaire à une conversation plus vivante, plus interactive. Les messages ne tombent plus du ciel publicitaire : ils se créent à la suite d’interactions, de tendances que les enfants eux-mêmes contribuent à créer. Mais cette liberté créative pose des questions éthiques : par exemple, quand un challenge TikTok devient viral, où s’arrête le jeu et où commence la publicité ? La frontière entre divertissement et marketing devient de plus en plus flou et exige, selon moi, une vigilance nouvelle, tant de la part des marques que des parents.
Dans quelle mesure le registre ludique constitue-t-il le principal levier de ces communications ?
Le jeu n’est pas qu’un simple outil marketing dans la communication alimentaire – c’est l’ingrédient magique pour créer du sens et de l’engagement. Les marques l’ont bien compris : en transformant la consommation en jeu, elles ne vendent plus simplement un produit, elles créent une expérience. C’est particulièrement puissant avec les enfants car le jeu est leur langage naturel pour eux. Et l’objectif des marques, c’est d’aller au-delà du simple divertissement : il s’agit de créer des rituels qui donnent du sens à l’acte alimentaire, qui transforment un simple goûter en moment de partage et de découverte. Ce n’est pas juste amusant, c’est aussi engageant.
Quel est le rôle des influenceurs dans la diffusion de ces messages ?
Les influenceurs sont devenus les nouveaux conteurs de notre époque. Ils ne se contentent pas de montrer un produit, ils le mettent en scène dans la vraie vie, avec leurs imperfections et leurs moments de joie. Quand un influenceur partage sa recette préférée ou son du petit-déjeuner, il ne fait pas que promouvoir – il raconte une histoire dans laquelle chacun peut se reconnaître. C’est cette authenticité qui transforme la relation entre marques et consommateurs : nous ne sommes plus dans la promotion pure, mais dans le partage d’expériences vécues. C’est comme avoir un ami qui vous conseille, plutôt qu’une publicité qui vous vante un produit.
À l’ère de l’influence responsable, quels sont les enjeux pour les marques qui ont recours à ce levier ?
L’influence responsable représente aujourd’hui un défi prioritaire pour les marques alimentaires : comment conjuguer efficacité commerciale et responsabilité sociétale ? Ce n’est plus un choix, c’est une nécessité. Les consommateurs, particulièrement les jeunes générations, exigent une transparence totale : sur les ingrédients, sur les méthodes de production mais aussi sur la nature des partenariats avec les influenceurs. Les marques doivent désormais jongler avec une équation : maintenir le plaisir gustatif tout en promouvant une alimentation saine, créer de l’engagement tout en éduquant, divertir tout en informant. C’est un exercice qui demande une vision à 360 degrés de la communication et que très peu maîtrisent.
Dans quelle mesure les plateformes sociales de gaming offrent-elles aux marques de nouvelles formes de communication ? (cf. l’exemple donné dans le livre de Roblox)
Le développement de plateformes comme Roblox sont une véritable révolution dans la manière dont les marques peuvent interagir avec leur public. C’est un univers où les enfants ne sont pas simplement exposés à des messages publicitaires, mais où ils peuvent littéralement vivre l’histoire d’un produit. Dans un monde virtuel, un simple biscuit peut devenir le héros d’une aventure : de la culture du blé à la création de la recette, les enfants découvrent beaucoup en jouant. C’est une forme de storytelling interactive qui dépasse la simple publicité pour créer une connexion émotionnelle. Les marques ne communiquent plus à sens unique : elles invitent leur public à participer à leur histoire.
Quels sont vos projets futurs ?
Continuer à décrypter les nouvelles frontières de la communication d’influence à l’ère du digital. Ce qui me passionne, c’est d’observer comment les nouvelles technologies et leurs usages transforment non seulement notre façon de communiquer sur l’alimentation, mais aussi notre rapport même à la nourriture. En parallèle, je continue de partager mes découvertes à travers des interventions en écoles et universités. J’ai la conviction que former la prochaine génération de communicants aux enjeux éthiques et sociétaux de l’alimentation est primordial pour l’avenir de ce secteur.
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Accéder au formulaireLe Top 25 de 2025 by La Netscouade
Analyse
Ces 25 visages marqueront 2025. Leur point commun ? Elles et ils façonnent le digital avec des idées fraîches et audacieuses dans des domaines aussi variés que la RSE, l’entrepreneuriat, le sport, la culture et la pop culture. À travers leurs projets, leur engagement ou leur influence sur les réseaux sociaux, ils redéfinissent les codes pour faire advenir un futur positif. Parcourez leurs profils et laissez-vous inspirer par ces personnalités à ne pas rater !

L’avenir, ce n’est pas ce qui va nous arriver, c’est ce que nous allons faire
Avec cette conviction, Claire Petreault a fondé Les Pépites Vertes en 2020, un média engagé pour motiver la jeune génération à participer à la transition écologique. En trois ans, l’initiative est devenue une entreprise à vocation sociale, regroupant 250 jeunes professionnels et une agence de communication. Depuis 2017, Claire a œuvré dans l’écosystème de l’impact, notamment chez ChangeNOW et au Mouvement Impact France. Enseignante à Sciences Po, elle anime des conférences et des tables rondes, faisant de l’écologie une ambition collective.

Ancien vice-président chez Goldman Sachs, Marc Lesage-Moretti a troqué les salles de marché pour la scène numérique. Diplômé de l’ESCP, il brise les codes en devenant le premier stagiaire structureur issu d’une école de commerce chez BNP Paribas, avant de gravir les échelons. En 2022, à 30 ans, il décide de tout changer. Sous le pseudonyme Jokariz, il lance un talk-show sur YouTube et Twitch, où il démystifie les « métiers de rêve » pour les rendre accessibles à toutes et à tous, tout en transmettant sa passion pour l’e-sport.

Critique d’art diplômée de l’École du Louvre et créatrice de contenu, Margaux Brugvin se distingue par son engagement en faveur de la représentation des femmes dans le milieu artistique. Sur son compte Instagram @margauxbrugvin qui rassemble près de 100 000 amateurs et amatrices d’art, elle partage ses portraits d’artistes femmes, ses découvertes d’ateliers d’artistes contemporains et ses visites d’expositions. Collaborant régulièrement avec des institutions culturelles, Margaux déconstruit l’histoire de l’art à travers une perspective inclusive.

Co-fondateur et délégué général de Diversidays, Anthony Babkine œuvre pour l’égalité des chances dans le secteur numérique. Depuis 2017, son association loi 1901 a accompagné plus de 13 000 talents issus de parcours variés, les orientant vers des carrières dans l’entreprenariat et la tech. En facilitant l’accès à ces métiers et en accélérant les politiques de diversité, Anthony entend faire du numérique l’ascenseur social du 21e siècle !

Juliette Todisco est créatrice de contenu sur Instagram et TikTok, où elle analyse l’actualité et les médias sous un angle féministe, le tout en moins de 3 minutes ! Ancienne prof agrégée d’espagnol et formatrice sur l’égalité F/H, elle s’attaque avec humour à toutes les formes de discrimination et engage sa communauté de presque 50k abonné.e.s dans des réflexions percutantes. En 2025, Juliette ajoutera un nouveau chapitre à son arsenal militant avec la sortie de son livre.

Adam Bensoussan, 23 ans, est créateur de la chaîne YouTube Adam Bros qui comptabilise plus de 211 000 abonné.e.s et 25 millions de vues. Depuis 12 ans, il s’illustre dans l’analyse des phénomènes médiatiques et culturels. Chaque semaine, Adam propose des vidéos qui décortiquent les séries, la musique, le cinéma et les réseaux sociaux avec un regard sociologique affûté. Sa dernière vidéo en date ? Une plongée dans la saison 2 de Squid Game et du terrible message qui s’y cache…

Installée à New-York pour ses études, Océane Andrea est une créatrice de contenu aux multiples casquettes. Entre marathon et natation, Océane partage sa passion pour le sport sur TikTok et Instagram à travers des contenus motivants qui invitent chacun·e au dépassement ! Fondatrice du Fasta Pasta Club, la coureuse rassemble sa communauté lors de sessions de running conviviales, incarnant les valeurs fédératrices du sport. Elle est aussi la voix du podcast Chez Nous, un espace d’échange et de réflexion sur des thèmes philosophiques et initiatiques, qui cumule plus de 2 millions d’écoutes.

Depuis fin 2023, Aude Baron pilote 2050Now, le média du Groupe Les Echos-Le Parisien dédié à la transformation environnementale. Destiné aux 14 millions de Français de la « classe écologique », ce média multi-plateformes se concentre sur trois axes : compréhension, solution, action. Ancienne directrice des contenus d’Eurosport, Aude met son expertise au service de formats vidéo percutants sur Instagram, TikTok et YouTube.
C’est maintenant qu’il faut agir et y aller à fond

Thibaut Labey a défriché bien des horizons avant de co-fonder Chilowé. Ancien avocat en droit maritime, facteur en tuk-tuk ou encore coach pour entrepreneurs sociaux, son parcours atypique l’a conduit à écrire La Bible de la Microaventure et à se passionner pour les scénarios de fiction d’anticipation. Depuis 2022, il est l’auteur de la newsletter Geronimo, un espace dédié aux nouveaux récits, où il partage ses réflexions sur un avenir plus responsable.

Lauren Boudard est à la tête de Climax, un fanzine radical né en 2021 pour bousculer la couverture médiatique du changement climatique. En tant que co-fondatrice de ce média indépendant, elle défend une ligne éditoriale engagée, refusant le greenwashing et questionnant les enjeux écologiques avec des enquêtes chocs et des contenus longs. Financé par abonnements, dons et préventes, Climax croît à son propre rythme, fidèle à son ADN.

À 23 ans, Violette Dorange est une navigatrice aussi audacieuse qu’inspirante. Depuis son plus jeune âge, elle file sur les mers, enchaînant les exploits, de ses traversées en solo à 15 ans à la Solitaire du Figaro, où elle termine 10e. Aujourd’hui, elle rêve encore plus grand : le Vendée Globe. Suivie par 488 000 personnes sur Instagram, l’aventurière expose son périple et son rêve de repousser sans cesse les horizons.

Co-fondatrice de Loom, une marque de vêtements éthiques, Julia Faure a fait de la responsabilité sociale et environnementale son cheval de bataille. Depuis 2023, elle partage la co-présidence du Mouvement Impact France, un réseau de 15 000 entreprises déterminées à promouvoir un modèle local et respectueux des limites planétaires. À travers des plaidoyers politiques et des campagnes législatives ambitieuses, elle milite pour une économie régulée où sobriété et justice remplacent la “prime au vice”. Son ambition ? Prouver que entreprises et écologie peuvent enfin coexister !

Ancienne journaliste économique et fondatrice d’Oseille & compagnie, Héloïse Bolle accompagne les femmes vers leur autonomie financière avec des conseils sur-mesure. Grâce à elle, beaucoup apprennent à prendre en main la gestion de patrimoine, l’investissement et les finances personnelles. En 2024, elle reçoit le prix or du meilleur pédagogue financier, décerné par Investir Day. Autrice de plusieurs ouvrages, dont Aux thunes, citoyennes ! co-écrit avec Insaff El Hassini, elle est une référence pour toutes celles et ceux qui veulent reprendre le contrôle de leur avenir financier.

Diane Benhamou, alias Estherium, s’est donnée pour mission de rendre la tech fun, utile et facile à comprendre dans notre vie quotidienne. Professeure de marketing digital et créative en agence, elle se met en scène dans des vidéos ludiques sur TikTok et Instagram où elle vulgarise des sujets comme les cryptomonnaies et l’intelligence artificielle. À travers un ton décalé, elle parvient à rendre ces technologies fascinantes et compréhensibles pour tou·te·s !

Fondatrice de Post Influence et co-créatrice de Paye ton influence, Amélie Deloche cherche à transformer l’influence en levier pour la transition environnementale et sociale. Depuis son “réveil écologique” en 2017, Amélie mobilise créateurs.trices de contenu et marques autour de leur responsabilité face à la crise, persuadée que les influenceurs.ses ont un rôle clé dans le changement des comportements et des normes sociales. Son Guide de l’influence responsable, co-écrit avec l’ADEME, propose des outils pratiques pour concilier marketing et écologie.

Jigmé Théaux, ex-créateur de contenu humoristique à succès sur YouTube avec sa chaîne “Les clichés de Jigmé”, a opéré un virage radical. Après près de dix ans de sketchs et plus de 2 millions d’abonné.e.s, il a quitté les vidéos scénarisées pour se consacrer à la rénovation d’une métairie en Dordogne. Son objectif ? Devenir autosuffisant en produisant ses propres fruits et légumes. Depuis 2020, il partage son quotidien sur Instagram et TikTok, publiant des vidéos courtes sur son jardin, ses recettes et ses travaux. Ce retour à une vie plus simple lui permet aujourd’hui de nouer des partenariats avec des marques comme Lidl, Acer et Orange, tout en restant proche de sa communauté.

Marie Dollé est responsable EuroQuity chez Bpifrance, où elle met en relation start-ups et investisseurs pour stimuler l’innovation. Passionnée par les évolutions du secteur numérique, elle s’adonne aussi à l’écriture avec sa newsletter In Bed With Tech suivie par près de 11 000 personnes. À travers ce projet, elle explore les transformations de la tech et de la consommation, tout en analysant leurs impacts concrets sur la société.

Fatoumata Kebe a suivi un parcours brillant qui l’a menée des étoiles à la préservation de l’espace. Après des études en ingénierie mécanique, elle se spécialise en astronomie, consacrant sa thèse au nettoyage des débris spatiaux, une problématique clé pour la durabilité des activités spatiales. Fondatrice de l’association Éphémérides, elle transmet sa passion avec des élèves issus de milieux défavorisés, tout en leur insufflant l’envie de rêver grand. Elle est également autrice de Lettres à la Lune, un hommage poétique à ce corps céleste fascinant.

Anaïs Raoux est la fondatrice de WAKE UP, spécialisée dans des programmes d’accompagnement pour les managers et leurs équipes. À travers des programmes comme Manager Sherpa et Spécial Codir, elle transmet des méthodes basées sur les sciences cognitives et l’expérience terrain. Ses contenus, vus plus de 20 millions de fois, lui ont valu des distinctions telles que Forbes 30 Under 30 (2019) et LinkedIn Top Voice (2023).

Humoriste trans de 26 ans, Lou Trotignon mixe humour doux, cinglant et engagé autour de la transidentité dans son spectacle Mérou. Après avoir longtemps joué avec sa féminité, Lou se lance dans le stand-up. Sur scène, iel raconte son parcours intime avec un second degré décapant, rêvant de laisser une empreinte dans l’histoire culturelle queer.

À 15 ans, Léa Moukanas crée l’association Aïda après avoir perdu sa grand-mère d’une leucémie. Depuis, elle a mobilisé plus de 2 500 bénévoles, principalement des mineur·es, pour accompagner des adolescents atteints de cancer dans 35 hôpitaux à travers la France. Aïda mène aussi des actions phares comme Noël à l’hôpital et finance des projets de recherche, notamment des bourses de thèses. En cinq ans, Léa a fait de son initiative une force collective, démontrant l’impact d’une nouvelle génération qui a le cœur sur la main face aux défis de la santé.

Et si on changeait de regard sur l’actu ? Hugues de Rosny s’y attèle avec Le Média Positif, un pure player qui rassemble 10M d’abonné.e.s autour d’histoires qui font du bien. Son dernier ouvrage, 1 000 bonnes nouvelles pour voir le monde autrement (Éditions Gründ), prolonge cette mission en révélant des récits réjouissants, comme la réapparition de la taupe dorée en Afrique du Sud ou l’ouverture d’un bar à sieste à Aurillac. Né du confinement, son média valorise chaque jour des avancées scientifiques, des initiatives sociales et des héros du quotidien. Une invitation à commencer 2025 sous le signe de l’optimisme !

Journaliste indépendante et autrice, Christelle Murhula dénonce les silences qui étouffent la société. De sa série pour La Déferlante sur le #MeToo des femmes racisées à son ouvrage Amours Silenciées, elle donne la parole à celles et ceux qu’on entend trop peu. Passée par la rédaction en chef adjointe de l’émission FAQ sur Twitch ARTE, elle interroge sans détour les évolutions sociétales à la croisée des luttes féministes et culturelles. Avec Christelle Murhula, la marge devient le centre.

Issu du monde du jeu vidéo, Ego a su conquérir plus d’un million d’abonné.e.s grâce à ses récits percutants. Sa vidéo “L’horreur existentielle de l’humain à trombones“ illustre parfaitement sa capacité à raconter des histoires fascinantes, en offrant une réflexion profonde sur les enjeux du développement rapide des IA. À travers ses contenus, Ego transforme des thèmes philosophiques en expériences immersives, (re)définissant ainsi les codes du YouTube français.

Avec 70k abonné.e.s sur TikTok et 67k sur Instagram, Ramsès Parent insuffle une nouvelle vie à la littérature. Étudiant en lettres modernes, il commence généralement ses vidéos par “Il y a des gens qui disent…“, avant de nous offrir des citations d’auteurs·ices ou poètes·ses, empreintes de phrases à couper le souffle. Invité à intervenir lors d’événements, Ramsès incite les jeunes à redécouvrir le plaisir de lire. Celui qui se rêve futur professeur de français nous convie à une ode à la poésie et la sincérité.
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Accéder au formulaireLes tendances “Core” sur TikTok : une opportunité pour les communicants
Analyse
De nouveaux codes visuels et culturels ne cessent d’apparaître sur TikTok : parmi eux, la tendance des “Core”, qui regroupe différents styles ou esthétiques, et constitue un levier potentiel de communication. Mais qu’est-ce que les “Core”, et pourquoi cette tendance connaît-elle un tel succès ? Plus encore, comment les marques et les communicants peuvent-ils en tirer parti pour engager des communautés sur TikTok ?
Qu’est-ce qu’une esthétique “Core” ?
Le terme “Core” est dérivé du mot “hardcore”, utilisé à l’origine dans les années 90 pour désigner des sous-genres musicaux (comme le hardcore punk). Sur TikTok, il est désormais utilisé pour décrire un ensemble d’esthétiques qui se définissent autour d’un style visuel et d’un univers précis.
Chaque “Core” correspond à une manière de vivre et de percevoir le monde, caractérisée par des couleurs, musiques, vêtements, comportements spécifiques auxquels des communautés s’identifient.
Quelques exemples de “Core” populaires sur TikTok :
Cottagecore : Un style romantique et nostalgique qui met en avant la simplicité de la vie rurale, la nature, un retour à une vie plus douce et paisible. On compte 1,8 M publications sur le #cottagecore.

Dark Academia : Un univers centré autour des études supérieures, inspiré par les architectures gothiques des universités britanniques, où les livres sont très présents. Le #Darkacademia comporte plus de 526,9 K de publications.

Dreamcore : Une esthétique visuelle qui évoque des rêves surréalistes, souvent mêlés à des éléments de nostalgie et d’étrangeté. #Dreamcore compte 512,1 K de publications.

Il existerait plusieurs centaines de « Core » sur TikTok, chacun incarnant une sous-culture précise. Aesthetics Wiki, un fandom, nous renseigne sur les aspects visuels de chacun, mais propose également des lectures, playlists et suggestions de tenues associées.
Pourquoi les “Core” sont-ils si populaires sur TikTok ?
Les « Core » se démarquent facilement des autres formats courts sur TikTok car ils sont impactants sur le plan visuel (style d’image, colorimétrie) et sonore (récurrence d’extraits musicaux).
Ces esthétiques permettent aussi aux utilisateurs de s’immerger dans des univers qui résonnent avec leurs propres valeurs et aspirations, de se connecter à des communautés qui partagent les mêmes centres d’intérêt.
Les “Core” : une opportunité pour des stratégies de communication
Les “Core” pourraient constituer un puissant levier dans le cadre d’actions marketing ou de communication sur TikTok.
En effet, créer des contenus qui reprennent l’esthétique d’un « Core » permet de cibler une audience plus précise et de créer une connexion plus profonde avec elle, en parlant son langage visuel et culturel. Collaborer avec des créateurs de contenu spécialisés dans un « Core » peut aussi être un bon moyen de donner de la crédibilité à une campagne, d’autant que ces créateurs savent comment toucher leur communauté de manière organique.
Comprendre et intégrer les esthétiques « Core » dans une stratégie de communication pourrait donc être le moyen de se démarquer dans un environnement numérique en perpétuelle évolution, où la créativité est la clé.
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Accéder au formulaireL’initiative “Faut qu’on parle” au cœur du dialogue citoyen
Point de vue
La Netscouade est fière de soutenir l’initiative “Faut qu’on parle”, une démarche portée par La Croix et Brut, qui vise à recréer un dialogue entre des citoyens aux opinions divergentes. Convaincus que la polarisation croissante n’est pas une fatalité, nous croyons fermement qu’il est nécessaire de faciliter des rencontres directes et apaisées pour renforcer la cohésion sociale. C’est dans cet esprit que nous avons interrogé Clara Delétraz, en charge de la diffusion et du design de l’expérience “Faut qu’on parle” ainsi que les équipes de La Croix et Brut, pour comprendre les motivations et les enjeux derrière ce projet.
Comment est née l’idée de lancer “Faut qu’on parle” en France et quelles étaient les motivations principales derrière cette initiative ?
Sandrine Verdelhan (La Croix) : L’aventure de “Faut qu’on parle” a débuté à Marseille, à la Fabrique du Nous, soutenue par le Fonds Bayard-Agir pour une société du lien*. Cette association a mis en relation le Fonds Bayard avec My Country Talks, convaincue que, partageant des valeurs communes, ces deux partenaires pourraient accomplir de beaux projets ensemble. Après quelques échanges, le Fonds a dialogué avec La Croix, qui a choisi de porter le projet en France et de s’associer à un média dont les cibles, audiences et formats différaient pour toucher un maximum de personnes. C’est ainsi que Brut a rejoint l’initiative, acceptant de relever ce défi et de s’engager à son tour.
La Croix est un média qui se veut un lieu de réflexion et de débat apaisé. Nous avons à cœur de proposer des articles pédagogiques, qui permettent de comprendre la complexité des situations, de découvrir d’autres univers et d’encourager des confrontations d’opinions fertiles, notamment à travers nos pages de débats. Cette approche est devenue encore plus essentielle alors que la polarisation se fait de plus en plus forte dans notre société et que les désaccords virent trop souvent à l’invective ou au refus de dialoguer.
Nous refusons de croire que cette montée des clivages est une fatalité. Nous sommes convaincus qu’un débat constructif et apaisé reste possible entre des Français aux idées opposées. C’est une aspiration que nos lecteurs partagent, car ils aiment débattre avec des interlocuteurs respectueux et sont curieux de découvrir des perspectives différentes. Faut qu’on parle est pour nous un prolongement naturel, un moyen de contribuer à bâtir une société où les citoyens peuvent dialoguer sans a priori ni invectives. Il ne s’agit pas d’effacer les divergences, mais de les identifier, d’en parler, et peut-être, dans certains cas, de les dépasser.
Nous espérons que de nombreux Français se retrouveront dans cette initiative et que, le 23 novembre prochain, toute la France se dira : “Faut qu’on parle !”
Maxime Darquier (Brut) : Le projet est arrivé alors qu’il était déjà lancé via La Croix. Quand La Croix nous a proposé de rejoindre l’initiative, cela nous a tout de suite intéressés, car cela correspondait à une envie que nous avions chez Brut : donner la parole aux gens. Nous voyons souvent dans les commentaires que des personnes avec des opinions divergentes échangent et débattent régulièrement. Ce projet a donc fait sens pour nous, car il nous permettait de proposer un cadre plus structuré à ces échanges. L’idée de le faire sur une journée unique a immédiatement résonné avec notre approche.
Le partenariat avec La Croix nous semblait également évident. La Croix est un journal reconnu pour sa rigueur éditoriale et sa volonté d’offrir un espace d’expression à tous. Pour la petite histoire, nous avions beaucoup apprécié un post LinkedIn publié par La Croix quelques mois avant même qu’on nous parle de Faut qu’on parle. Dans ce post, après la dissolution de l’Assemblée nationale, La Croix expliquait qu’ils donneraient la parole aux électeurs de tous les partis, y compris le Rassemblement National, car pour eux, il est essentiel que chacun puisse s’exprimer. Chez Brut, nous partageons cette vision : permettre à tous les citoyens de faire entendre leur voix, dans le respect des lois. Avec Faut qu’on parle, nous voulions offrir aux gens la possibilité de débattre, comme ils le font déjà dans les commentaires sur nos plateformes, mais cette fois-ci en face à face.
Quelles sont, selon vous, les causes de la polarisation croissante en France et comment “Faut qu’on parle” peut-elle aider à réduire ces divisions ?
Clara Delétraz : La polarisation croissante en France est un phénomène complexe. En sciences politiques, on distingue deux types de polarisation : la polarisation idéologique, qui mesure l’écart entre les idées des différents groupes, et la polarisation affective, qui renvoie au degré d’hostilité ressenti entre les groupes sociaux. Ce qui est frappant, c’est que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la polarisation idéologique a en réalité diminué dans les grandes démocraties occidentales depuis la fin de la guerre froide. En revanche, la polarisation affective a fortement augmenté.
Dans une société marquée par la polarisation affective, le problème n’est plus tant les divergences d’idées, mais la dégradation des liens sociaux. Les individus se définissent par leur appartenance à des camps opposés, ce qui accroît la méfiance et l’hostilité. Ce phénomène résulte de plusieurs fractures : économiques, avec des citoyens se sentant exclus face à des élites perçues comme déconnectées ; culturelles, avec des débats de plus en plus polarisants ; géographiques, entre les grandes villes et les zones rurales ; et numériques, où les algorithmes créent des bulles qui enferment chacun dans son propre écosystème d’idées.
C’est dans ce contexte que “Faut qu’on parle” prend tout son sens. Inspirée de l’initiative internationale My Country Talks, elle permet à des personnes aux opinions opposées de se rencontrer et de discuter pendant deux heures. Le but n’est pas de convaincre, mais de recréer du lien, d’humaniser les échanges et de rappeler que derrière chaque opinion se trouve une personne avec une histoire. Ce simple exercice a déjà permis de réduire la polarisation affective de 77 % lors des précédentes éditions.
Certes, ces échanges n’affectent pas la polarisation idéologique, probablement parce que les conversations sont trop courtes. Mais l’enjeu est de retisser des liens sociaux et de réduire la méfiance. “Faut qu’on parle” offre une solution concrète pour restaurer la confiance et la cohésion entre les citoyens.
Quels résultats concrets avez-vous observés dans d’autres pays, comme l’Allemagne, et quels changements espérez-vous pour la France avec “Faut qu’on parle” ?
Clara Delétraz : En Allemagne, les résultats concrets d’une initiative similaire ont été impressionnants. Une étude menée par des chercheurs de Stanford et du MIT sur l’édition de 2021, qui avait mobilisé 15 000 personnes, a montré une réduction de la polarisation affective de 77 %. Plus de 90 % des participants ont affirmé mieux comprendre les positions de leur interlocuteur après la discussion. Cela montre l’efficacité de ce type de dialogue pour réduire les tensions.
En plus de cela, 80 % des participants se sont dits satisfaits de leur échange, et dans 60 % des cas, ils ont même gardé contact par la suite. 90 % d’entre eux souhaitaient également renouveler l’expérience. Ces chiffres montrent que ces discussions ne sont pas seulement ponctuelles, mais qu’elles créent une dynamique positive et durable.
En France, avec “Faut qu’on parle”, nous espérons recréer cet engouement pour le dialogue, surtout dans un contexte où 54 % des Français estiment que leurs différences sont trop importantes pour continuer à avancer ensemble. Notre objectif est de montrer qu’il est possible de dialoguer même entre personnes en désaccord, et de retisser des liens entre des individus issus de mondes différents.
Comment comptez-vous impliquer la société civile pour faire de cette initiative un véritable mouvement ?
Clara Delétraz : C’est un point essentiel. On ne peut pas se contenter d’en faire une initiative médiatique. Avec le fonds Bayard-Agir pour une société du lien, nous avons l’ambition de faire de “Faut qu’on parle” un véritable mouvement citoyen, porté par les citoyens eux-mêmes. Ces derniers deviendront les ambassadeurs de l’initiative. L’idée n’est pas simplement de mener une campagne de recrutement, mais de lancer une véritable mobilisation.
L’un des atouts de l’initiative est sa simplicité. Les participants répondent à huit questions clivantes, puis sont mis en relation avec une personne ayant des opinions opposées. Ils se rencontrent pendant deux heures pour échanger. C’est un format activable et facile à comprendre, ce qui facilite l’adhésion.
Nous comptons aussi sur le bouche-à-oreille, mais nous devons aider les participants à relayer l’initiative autour d’eux. En parallèle, nous mobilisons des organisations bien implantées sur le terrain, qui deviendront également les ambassadeurs de l’initiative. Ces relais locaux seront essentiels pour que le mouvement prenne de l’ampleur.
Quels défis rencontrez-vous dans le lancement de “Faut qu’on parle” en France, notamment en matière de recrutement, visibilité et mobilisation ?
Clara Delétraz : Le premier défi, c’est le timing. Avec les agendas médiatiques chargés, nous avons dû lancer l’initiative très rapidement. Cela complique la construction d’un mouvement organique, car mobiliser des parties prenantes demande du temps. Il faudra être ingénieux et créer quelque chose de viral dès le départ, en engageant un noyau d’acteurs.
Le deuxième défi, c’est que tout se passe en ligne. Il est essentiel de toucher des publics variés, y compris ceux qui ne sont pas forcément à l’aise avec le numérique. Il ne faut pas se limiter aux sphères urbaines, mais aller vers les zones rurales et périurbaines.
Le dernier défi, enfin, est que les conversations ne sont pas modérées. Cela peut faire peur à certains, mais nous devons veiller à offrir un cadre sécurisé. Un guide précis sera mis en place pour rassurer les participants et s’assurer que tout se déroule bien.
*Créé en 2022 par le groupe Bayard, le fonds Bayard-Agir pour une société du lien porte des actions créatrices de liens, pour lutter contre l’isolement et la fragmentation de la société. En recherchant les meilleures alliances, les projets du fonds se déploient dans des domaines très différents (inclusion des jeunes et des seniors, liens intergénérationnels, mixité sociale et diversité, éducation aux médias et citoyenneté…) avec une dimension commune, ciment du vivre-ensemble : l’ouverture à l’information, à la culture, à l’imagination.
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